Antoine…

« Je suis né le 19 mai 1961 à Nogent-Le-Retrou.
J’ai fait tout mon primaire à Bellavilliers, un village au nord de la forêt de Bellême et mon secondaire dans l’école et collège privés Saint-Paul à Mamers.
Puis je suis parti 5 ans à Beauvais faire une école d’ingénieur agronome 

Et le temps de faire mon service militaire est arrivé.

J’ai fait mes « 3 jours » à Cambrai, je voulais partir en coopération ou faire l’école des officiers de réserve (.E.O.R.) .Comme il y avait déjà beaucoup d’étudiants dans les appelés que le médecin militaire avait reçu pendant cette session, il m’a réformé. J’en ai profité pour entreprendre un troisième cycle « industrie-bois » à Saint-Mandé (94).

J’avais plein de projets, et j’ai commencé par travailler dans une petite société d’exploration forestière en Seine et Marne.

J’ai appris mon métier d’exploitant forestier et négociant dans cette première entreprise.
En 1989, j’ai créé avec 2 copains notre propre structure d’exploitation forestière et négoce du bois. Nous achetions des arbres en région parisienne et en Normandie, les exploitions let les revendions à des scieries en France, en Allemagne, en Italie, en Espagne, etc..
Nous étions trois patrons, c’était deux de trop. Alors en 1993 je suis parti et j’ai créé une nouvelle société avec ma femme : SOVALEF (exploitation forestière et négoce).

La société s’est développée vite et bien en région parisienne et Normandie. Très vite j’ai eu envie d’avoir ma propre scierie. Mais c’est un investissement lourd qui ne s’improvise pas. En 2013 nous avons embauché un jeune ingénieur qui avait travaillé plusieurs années dans une scierie, et en 2014 nous avons saisi une belle opportunité en achetant la scierie de Mortrée (entre Sées et Argentan), une scierie spécialisée dans le chêne dont le propriétaire souhaitait prendre sa retraite.

Nous avons enfin intégré la première transformation du bois : nous achetons des arbres en forêt, nous les abattons, nous les sortons des enceintes (c’est le débardage). Nous trions ensuite les qualités, nous vendons les qualités dont nous n’avons pas l’usage et nous rentrons à la scieries les grumes que nous scions pour faire des pièces de charpente et des planches vendues à des fabricants de parquet. Les pièces de bois sont ensuite soit vendues immédiatement (on parle de bois vert), soit entreposées pour sécher à l’air et être vendues après quelques années (on parle de bois ressuyé). La clientèle est française et européenne.

En 2015, nous avons acquis le site d’une ancienne scierie à Orgères près de Gacé. Il n’y avait que le terrain et des bâtiments : plus aucune machine ni même d’installation électrique, tout avait été démonté. Nous avons créé de toutes pièces une nouvelle scierie pour faire des produits pour le grand export. Ce fut un gros investissement.

Mon rêve aurait été de fabriquer des barriques, mais c’est encore un autre métier et malheureusement on ne peut pas réaliser tous ses rêves.

L’une des principales difficultés dans mon métier est l’approvisionnement. Nous travaillons principalement le chêne. Ce n’est pas un produit industriel qui sort d’une usine. Il n’y a pas deux arbres identiques et il peut présenter de très grosses différences de qualité et donc de prix. Il y a un très gros travail d’estimation de la qualité des arbres en forêt avant d’acheter.

Le chêne français a une très bonne réputation, il est très recherché.

C’est un milieu qui bouge beaucoup actuellement, cela attire des traders et la spéculation comme pour le riz et le soja, dommage !

En France, nous avons 17 millions d’hectares de forêt dont 8 millions de forêts domaniales, soit 31% de la surface du territoire.

La gestion des forêts domaniales en France est toujours identique à celle mise en place par Colbert. Historiquement Colbert a décidé d’implanter en France des forêts pour une production de gros et long bois, c’était des projets à 200 ans !

Le sapin a été planté il y 70 / 80 ans, on a beaucoup replanté en résineux car ce sont des essences qui poussent plus vite.

L’Office National des Forêts (ONF), organise des ventes sur pied pour vendre des coupes dans les forêts qu’il gère : il convoque les acheteurs potentiels, et c’est le plus offrant qui remporte le lot. Une vente peut comporter plus de 100 articles vendus individuellement. Ensuite on coupe les arbres et en fonction des essences et de la qualité on les revend aux industries adéquates. Dans les années 90 les ventes de coupes de bois de l’ONF étaient faites aux enchères descendantes. Maintenant ce sont des appels d’offres, sous plis fermés ou informatisés.

Pour les propriétaires privés qui sont de simples particuliers ou des investisseurs institutionnels (compagnies d’assurance le plus souvent), la mise sur le marché des coupes de bois est le plus souvent faite par des experts ou des coopératives. C’est bien souvent, comme pour l’ONF, au cours de ventes par appels d’offres où les exploitants forestiers et scieurs sont mis en concurrence.

C’est d’ailleurs très particulier: pour une industrie lourde (pour une petite scierie comme celle que nous avons monté à Orgères, il faut compter un investissement en matériels de 3 millions d’euros) la majorité des approvisionnements se font au cours de vente par appels d’offres, ce qui veut dire que d’une année sur l’autre, nous ne savons pas quelles quantités de bois nous allons acheter, ni quelles qualités, ni dans quelles forêts (parfois nous achetons dans des forêts à 150 ou 200 kilomètres de la scierie) ni à quel prix.

J’ai attrapé le virus du bois et c’est devenu une passion dès mon enfance. Mon père était agriculteur. Mes parents avaient hérité de parcelles de bois et nous combinions la gestion des bois, la chasse, le ramassage des champignons ! J’ai appris comment on entretenait les chemins, les allées, comment on gérait une forêt en arpentant les bois avec mon père ».

 

Pourquoi Mahéru ?
« Mon grand-père avait acheté les bois situés à la Croix Verte dans les années 50
Avec une petite maison dont ma mère a hérité et qu‘elle m’ a donné en 1989.
Jeunes mariés, cette petite maison est devenue notre résidence secondaire.
Nous venions tous les week-ends et nous chassions avec un couple de copains ; c’est ainsi que nous nous sommes ancrés à Mahéru.
Nous avons installé le siège social de notre entreprise à Mahéru lorsque nous l’avons créé en 1993.

En 2017 nous nous sommes installés définitivement à Mahéru.

L’Orne est idéal pour sa situation géographique et Mahéru est très bien située entre Orgères et Mortrée ».

 

Ce que j’aime à Mahéru :
« La tranquillité, j’aime ouvrir les fenêtres et entendre les oiseaux.
Mahéru reste une commune rurale très agréable ».

 

Portraits Mahusiens : « Si vous étiez… »
Un arbre : « Un chêne, il résiste à tous les conflits de la nature, les arbres en général résistent à la pluie et au vent. Ils peuvent être foudroyés et ne pas être morts …
Un animal : « Un corbeau, il vit 30 ans, vole à 500 mètres d’altitude. Il est souvent utilisé en aéronautique et par la NASA … »
Une fleur : « Une iris d’eau, increvable, et protège les bordures des étangs »
Une région : « la haute Marne, c’est magique »

 

Un personnage célèbre marquant :
« Winston Churchill qui n’a jamais renoncé, est toujours allé de l’avant ».

 

Quel événement historique vous a marqué….
« La tempête de 1999. Sur le Buisson de Mahéru tout était cassé.
A la Croix Verte, on a mis 15 jours pour dégager la route.
Des chênes de 10 mètres ont été sectionné par le vent à 4/5 mètres de hauteur, les vents ont atteint 220 km/h dans certains couloirs ».

 

Qu‘est-ce que vous aimez, quelles sont vos passions .. :
« La nature, la photo. Je faisais beaucoup de photos quand j’étais jeune, nous les développions …Le numérique a profondément modifié la photo et permet aux amateurs de prendre des clichés que seuls certains professionnels avec des appareils argentiques très sophistiqués pouvaient réaliser. Ma fille fait de superbes photos de nature. Je m’y remettrais sans doute quand je prendrai ma retraite ».

 

Quels sont vos rêves, qu’auriez-vous aimé faire ou être ?
« Fabriquer des barriques … »

 

Antoine Cotreuil
Antoine Cotreuil

 

Publié le 11 Décembre 2022