Isabelle C…

« Je suis née 1968 à Argentan,
J’ai vécu jusqu’à 4ans et demie dans une petite commune près d’Argentan.
Mon père avait une exploitation agricole : élevage, céréale. Ensuite ma mère a déménagé à Sées, ou elle a travaillé dans un centre pour handicapé.

J’ai fait mon école primaire à Sées, puis je suis partie en pension au collège, dans une école de sœurs à Briouze.
J’ai été en lycée professionnelle à Lisieux, j’ai passé un BEP sanitaire et social sans objectif précis.

A 20 ans j’étais en couple et nous vivions à l’Aigle.
Tous les jours je faisais l’Aigle-Evreux dans l’Eure, pour effectuer ma formation théorique d’AMP (Aide Médico Pédagogique) ainsi que pour mon stage. J’ai obtenu mon diplôme après 2 ans d’études et j’ai décroché un stage dans un IME (Institut Médico Educatif).

Cet établissement accueillait des handicapés mentaux ; des enfants et des jeunes de moins de 18 ans. Je participais aux activités en tant qu’étudiante : activités manuelles, scolaires et sorties.

Après ces 2 années, afin de me rapprocher de mon domicile, j’ai trouvé un emploi d’ASH (agent hospitalier) à l’hôpital de l’Aigle. Je suis très vite devenue aide -soignante.
J’ai débuté en EPHAD, puis dans un service de santé mental durant 2 ans. Ensuite j’ai passé 4 ans en médecine.

J’avais, lors de mon BEP, visité un service de stérilisation et cela m’avait beaucoup intéressé et j’étais très attiré par cette spécialité. Donc par choix, j’ai obtenu une affection dans le service de stérilisation, j’y suis resté 17 ans et j’en garde un très bon souvenir.

Certes, on ne voit pas les patients mais on travaille pour eux, et notre rôle est fondamental : fournir aux différents services hospitaliers, du matériel stérilisé, sécurisé et adéquat que ce soit en orthopédie, en ophtalmologie, viscéral ou en gynécologie. C’est un travail très minutieux, strict et pointu.
Malheureusement, en 17 ans, le travail a beaucoup changé. Aux urgences, ils utilisent de plus en plus du matériel à usage unique ! On nous demande plus de rendement, le temps est de plus en plus compté.

Les demandes arrivent au dernier moment en fonction des interventions et le travail se fait sous la pression et dans le stress.

Depuis 3 ans, je suis passée de nuit, en pool, donc remplaçante et j’interviens dans différents services.
Je suis ravie, j’ai du temps pour m’occuper des patients, le temps de me poser pour les écouter et faire en sorte qu’ils passent tous une bonne nuit. La priorité est le confort du patient.  J’ai retrouvé le contact des patients, l’essence même de mon travail. La nuit, vous ne subissez pas la pression du jour. On a du temps pour les patients et c’est génial quand on aime vraiment cela.

Cela m’a permis, aussi d’accompagner la fin de vie de ma maman. Depuis que je travaille la nuit, je me sens plus sereine. J’ai une meilleure qualité de vie

La retraite me semble un mirage, plus j’avance et plus elle recule. Mais finalement, je ne suis pas pressée, tous les retraités sont débordés !

Dans ma vie professionnelle, je garde de bons souvenirs de patients.
En ce moment je suis en EPHAD et je pourrais vous raconter de nombreuses anecdotes sympathiques : un patient, qui chante la marseillaise la nuit, une autre qui appelle avec son portable sur le fixe de l’hôpital, quand elle a besoin de quelque chose, alors qu’elle pourrait juste appuyer sur la sonnette ……

Un regret, j’ai démarré ma vie professionnelle en EPHAD, et j’étais trop jeune !
Un conseil, il faut absolument pour faire ce métier suivre son ressenti, il faut avoir envie d’aider les gens, avoir envie de rechercher le confort des patients, leurs bien-être, être toujours dans le questionnement par rapport aux patients pour s’adapter à leurs besoins.

J’ai eu 2 garçons à 8 ans d’intervalle, mon métier a influencé leur éducation et maintenant leur comportement ou personnalité.
Le premier j’étais en EPHAD, je jonglais avec les horaires, la nourrice et il est très anxieux. Le deuxième, j’étais dans le service de stérilisation, avec des horaires réguliers de journée et il est cool.
Vincent à 28 ans, il a fait un bac pro des métiers du bois, il rêvait de faire une licence de psy, il est serveur au center parc.
Hugo à 20 ans, il a fait un BTS d’imprimeur, il travaille à Bellême ».

 

Pourquoi Mahéru ?
« J’ai vécu à 20 ans à l’Aigle en 1992, je suis partie à Crulai, j’ai divorcé et en 2018, j ’ai racheté la maison de ma grand-mère à Mahéru.

Mes grands-parents, toute ma famille vivaient aux Aulnays, je venais en week-end et en vacances dans le hameau.
Tout le hameau rassemblait ma famille. Au décès de ma grand- mère, en 1984, nous avons arrêté de venir à Mahéru, ma mère s’est séparée des maisons dont elle avait hérité.
En 2018, il restait une maison que mes cousins souhaitaient vendre, pour moi c’était l’opportunité de retrouver mes racines ! »

 

Ce que j’aime à Mahéru :
« Ici, j’ai l’impression d’être en vacances, toute l’année, même si je travaille.

Je suis déconnectée de tout, c’est très dépaysant. Je me régale tous les jours ».

 

Souvenirs de Mahéru :
« Mon premier souvenir, j’avais 5-6 ans, c’est Marcel Verhalle, un grand monsieur, qui cultivait des grandes asperges.

Je me souviens très bien de sa maison au bourg.
Je me souviens de l’épicerie où j’achetais des bonbons.
Je me souviens de ma grand-mère et le ramassage des pommes, l’arrachage des ronces. Je montais sur un poney qui systématiquement se roulait par terre ! »

 

Souhaits pour Mahéru :
« Des sentiers de randonnées accessibles et pourquoi pas des randonnées à plusieurs.
J’aimerais des manifestations musicales !
Il manque à Mahéru un lieu de rencontre, ou des moments de partage ».

 

Portraits Mahusiens : « Si vous étiez… »
Un animal : « un âne, trop mignon, c’est un animal imposant et très affectueux. L’âne doit avoir confiance en son maître. L’âne est plus proche plus familier que le cheval.

J’ai trois ânes : Tintin qui a participé à l’émission les carnets de Julie.
Idéal et Iris. Seul Tintin est attelé.
Je fais partie de l’association des Cadichons de Aube »
J’ai participé à Festiv’ânes comme bénévole à la restauration »
Un arbre : « Un hêtre, c’est arbre grand et fort, il change de couleur et il est magnifique en automne ».
Une fleur : « Une orchidée sauvage du printemps, j’en ai trois espèces, elles sont éphémères comme nous ».
Un pays : « L’Irlande, sauvage, c’est un espace naturel, je rêve d’y aller ».
Une couleur : « Naturelle, l’orange – A l’automne tout est orange, il fait encore chaud et cela annonce l’hiver ».

 

Un personnage célèbre marquant :
« Nelson Mandela, Obama, ce sont des personnes qui ont une grande prestance, il émane quelque chose de fort d’eux. Ils ont mené de grands combats, ils dégagent de la sérénité ».

 

Quel événement historique vous a marqué…
« Le World Trade Center – c’était ahurissant, on reste sans voix. On ne réalise pas que quelqu’un puisse faire cela. On marche sur la tête ».

 

Qu‘est-ce que vous aimez, quelles sont vos passions … :
« Depuis que je travaille de nuit, je prends le temps de lire. J’aime les histoires de vie :

« Tu comprendras quand tu seras grande » de Virginie Grimaldi,
« Tout ce qui nous répare » de Lori Nelson Spielman,
« Tout le bleu du ciel » de Melissa Da Costa, mon préféré.
J’aime la musique, les concerts : La musique bretonne, Johnny Clegg, ERA, Julien Doré, Grand Corps Malade, Vincent Niclo avec les prêtres orthodoxes, les Rolling Stones, Genesis.
J’ai participé en coulisse à Jazz en Ouche pendant 5 ans ».

 

Quels sont vos rêves, qu’auriez-vous aimé faire ou être ?
« Je voudrais voyager – allée en Irlande, au Bénin, en Guadeloupe, à la Réunion ».

 

Isabelle  Coupry

 

Publié le 7 Janvier 2022