Anne-Elisabeth Gillot

« Je suis née en 1975, dans le bocage normand, à la Ferté-Macé (61). J’ai effectué mes études à Rennes et me suis orientée vers les sciences : je rêvais d’être botaniste ou psychologue. Finalement, comme la première année de pharmacie me résistait, c’est une maîtrise de lettres modernes qui a clôturé mes études supérieures. En parallèle, j’ai travaillé en bibliothèque universitaire, puis comme pigiste à la rédaction d’un magazine pour enfants. Sans trouver ma voie…

Car en fait, et j’ai mis du temps à le réaliser, c’est le travail manuel qui me convenait. Depuis l’enfance, j’étais fascinée par les ateliers, celui de mon père dans la cave silencieuse avec ses outils bien rangés et les copeaux de bois puis celui d’une modiste rencontrée un été à Bagnoles-de-l’Orne avec son « bric à brac » de plumes et de perles. Ce fut le déclic. J’y retrouvais la concentration, l’inventivité, la patience et la précision.

Je me sentais en paix dans cette bulle et nulle part ailleurs. J’ai alors choisi l’artisanat et la reliure parce que je pratiquais déjà depuis plusieurs années en amateur. J’avais commencé un jour dans l’idée de réparer un livre et j’en faisais officiellement mon métier en passant le C.A.P. à 29 ans. Je suis allée vivre à Paris pour me former et en tout, mon expérience s’est faite dans sept ateliers différents, dont un d’encadrement. Je suis à mon compte depuis 2011 et spécialisée en restauration des livres.

Quand un client me confie un ouvrage, je l’observe d’abord et m’imagine en train d’intervenir étape après étape. Je compose avec des matières instables et parfois avec des réparations antérieures… En opérant a minima et en utilisant des colles neutres et réversibles comme le préconise la Charte des restaurateurs du patrimoine, je restitue l’aspect esthétique mais aussi mécanique de la reliure. Un livre est ainsi identifié, protégé, et il peut s’ouvrir à nouveau et être lu !

Ce métier m’apporte aussi de belles expériences humaines. J’ai reçu deux jeunes stagiaires et un groupe d’adultes en insertion sociale. Plus que transmettre un savoir-faire, il m’a plu de voir de jeunes personnes prendre confiance en elles grâce à la pratique en immersion dans l’atelier. Stigmatisées à l’école ou au travail, elles s’épanouissaient dans un nouveau lieu où leurs défauts devenaient des qualités ».

 

Ma contribution à Mahéru…
« A la demande de Jean-Marie Cormier, maire de Mahéru, j’ai relié en 2016 les registres d’état-civil, 13 volumes, de 1880 à 2009 ainsi que les tables Décennales, 11 volumes, de 1863 à 1982. En 2018, j’ai relié les délibérations du conseil, 3 volumes de 1945 à 1962 et les délibérations du bureau d’aide sociale, 1 volume de 1899 à 1976 ».

 

Pourquoi Mahéru :
« Un licenciement économique après 5 ans passés au service d’un grand atelier parisien m’a invitée à retrouver la campagne et à créer mon atelier. J’ai cherché sur l’axe Paris-Brest et à 2 heures de Paris pour être proche à la fois de ma famille et des fournisseurs, prestataires et clients. J’ai eu un coup de cœur pour Mahéru et cette maison malgré l’austère photo de l’annonce prise en hiver. Située sur les hauteurs avec un terrain plein sud, elle dégageait de très bonnes ondes ! »

 

Ce que j’aime à Mahéru :
« La vue, le vent, la verdure, les haies préservées et les chevaux ».

 

Souhaits pour Mahéru :
« Je souhaite que l’environnement de Mahéru reste nature et tranquille et que les chemins soient bien entretenus et sûrs (pas de chiens agressifs hors de contrôle !).

Une troupe de théâtre est venue jouer deux années de suite à Mahéru, devant une quarantaine de spectateurs, la première fois dans mon jardin et la deuxième à la mairie. L’ambiance était très sympa, c’est peut-être une piste pour animer le village ».

 

Portrait Mahusien : « Si vous étiez … »
Un animal : « un hérisson, il se met en boule et il est précieux pour les jardins ».

Un arbre : « un Catalpa, c’est un arbre exotique présent dans mon jardin, il est magnifique, il se pare de jolies grappes de fleurs en juillet ».
Un lieu : « en hauteur, dans le vent ».

 

Un personnage célèbre marquant :
« Don Quichotte, c’est un idéaliste. Je le rejoins, sans idéalisme, il n’y a pas d’action ».

 

Quel évènement historique vous a marqué … :
« La chute du mur de Berlin en 1989, j’étais jeune. Je n’aime déjà pas les portes, alors un mur qui sépare les gens, c’est intolérable ! ».

 

Qu’est-ce que vous aimez, quelles sont vos passions … :
« La poésie, la littérature. La botanique et la peinture naturaliste. Le silence ».

 

 Quels sont vos rêves, qu’auriez-vous aimé faire ou être … :
« 
Mon rêve serait de creuser une piscine naturelle dans le jardin et de savoir parler avec les animaux ».

 

https://www.atelier-theus.fr

 

Publié le 6 Novembre 2021